Pour développer la réponse à cette question, nous devons d’abord établir le concept d’ « empathie ». Qu’est-ce que l’empathie ? Elle est définie comme la « capacité à comprendre et à partager les sentiments de l’autre », il s’agit donc essentiellement de se mettre à la place de l’autre et d’essayer de ressentir ce que cette personne vit, de partager ses émotions et ses sentiments. Parlant d’empathie dans le domaine médical, il s’agit de la reconnaissance et de la validation des craintes, de l’anxiété, de la douleur et des préoccupations du patient. En ayant cette capacité de comprendre les sentiments du patient, il sera plus facile de trouver un diagnostic précis et la bonne forme de traitement. Par rapport à la relation médecin-patient, il s’agit d’une valeur, une attitude et une compétence qui a été appelée la quintessence de l’art de la médecine.
L’empathie est une valeur que nous devrions adopter en tant qu’êtres humains en général juste pour éviter l’arrogance et l’égoïsme, cependant, c’est sans aucun doute un ingrédient essentiel de la relation médecin-patient, infirmière-patient, soignant-patient. Car c’est une façon de dire à votre contrepartie que vous comprenez ce qui se passe et que vous n’êtes pas dans une position « plus favorisée », mais que vous comprenez et rejoignez son sentiment. Ce sentiment d’empathie et de compassion sera toujours utile aux patients, et sera probablement un élément important dans leur approche de leur maladie.
Pourquoi l’empathie est-elle importante ?
Voir un patient, ce n’est pas seulement prendre ses antécédents médicaux, examiner ses signes et ses symptômes, mais un bon médecin doit faire preuve d’empathie envers son patient. L’empathie implique une connexion et une compréhension qui inclut l’esprit, le corps et même l’âme. L’empathie aide le médecin à imaginer et à comprendre ce que le patient ressent. C’est la meilleure façon de ressentir ce qui nous est commun en tant qu’êtres humains. Des recherches ont montré que l’empathie et la compassion sont associées à une meilleure observance des médicaments, à une diminution des cas de faute professionnelle, à une réduction des erreurs et à une plus grande satisfaction des patients.
Dans un article publié sur Internet en 2018 intitulé «In pursuit of Empathy » (En quête d’empathie), la spécialiste du domaine Cyntia Clark éclaircie plusieurs points clés pour comprendre un peu mieux ce sujet.
Ses propos nous invitent à réfléchir sur l’empathie des médecins et surtout des infirmières, qui semblent ces derniers temps étrangers et éloignés des sentiments et des préoccupations des patients. Cette question est née lors d’une conférence sur les soins infirmiers à laquelle Mme Clark a assisté, à laquelle elle a répondu avec la question suivante: l’empathie peut-elle être enseignée et donc apprise?
L’empathie est-elle née ou faite ? Comment être empathique ?
Rappelons que l’être humain apprend souvent par la répétition. Il est important que les référents de l’étudiant/résident aient une capacité empathique adéquate qu’ils puissent imiter et reproduire, et que d’autre part ils lui accordent suffisamment d’importance dans le processus d’assistance. Une attitude distante de la part des tuteurs, le mépris du patient et de ses sentiments et opinions, et l’ignorance de la partie émotionnelle de la relation médecin-patient peuvent conduire à l’extinction progressive du niveau initial d’empathie, ou du moins ne pas le développer suffisamment. Malheureusement, il n’est pas habituel que cette compétence soit prise en compte lors de l’évaluation de la formation d’un professionnel.
Il y a plus de 20 ans, deux Canadiens, Yves Gineste et Rosette Marescotti, ont créé la méthode Humanitude, qui est une philosophie de soins qui croit fermement que les résidents des maisons de retraite ou les patients doivent être traités avec respect, humanité et empathie. La philosophie est basée sur quatre piliers fondamentaux: le regard, la parole, le toucher et la verticalité. Aujourd’hui, cette méthodologie s’est développée dans de nombreux pays européens tels que la France, la Belgique, la Suisse, le Portugal et l’Allemagne, et dans certains pays asiatiques comme le Japon, avec un succès retentissant grâce à des instituts et des ateliers d’enseignement. En bref, la philosophie Gineste-Marescotti est l’exemple parfait que l’empathie est une valeur qui peut être enseignée, donc, être apprise.
Clark précise que pour les infirmières, l’empathie doit être intégrée dans notre pratique quotidienne et qu’il existe plusieurs moyens d’améliorer notre capacité d’empathie. L’un des moyens les plus efficaces de comprendre d’où vient une autre personne est de lui demander. Montrer un intérêt réel et demander aux autres de partager leurs pensées, leurs sentiments, leurs perceptions et leurs expériences est l’un des moyens les plus efficaces et les plus directs de développer l’empathie et la compréhension.
D’autres façons de faire preuve d’empathie :
- Saluer, se présenter et demander au patient ce qui ne va pas
- Se montrer tranquille
- Être amical et sourire sincèrement
- Pratiquer l’écoute active
- Faire preuve de sens des responsabilités
- Être à l’écoute des préoccupations des patients et comprendre leur personnalité
- Dire ce qui est nécessaire et s’expliquer de manière intelligible, en évitant les technicismes
- Appeler le patient par son nom
- Evaluer, avec le dialogue, ce que le patient veut et ne veut pas savoir sur sa maladie
- Appliquer la règle des trois C : Communication, Comprendre et Confiance.
- La relation médecin-patient doit être basée sur : L’intégrité, Équité et Respect de la personne.
Pour être empathique, il faut savoir écouter pour comprendre l’état émotionnel et les besoins des autres et partager sincèrement ses pensées, ses sentiments et ses idées. Sans aucun doute, le défi que doivent relever de nombreux soignants est de faire preuve d’empathie envers les personnes avec lesquelles ils ne partagent pas leurs croyances ou leurs opinions, mais il a été prouvé que cette valeur contribue grandement au rétablissement des patients et aux soins de santé.